Sur les traces de Gallois de Fougières : Prévôt des Maréchaux


Le 25 octobre 1415, durant la bataille d'Azincourt, tombait au champ d'honneur le Prévôt des Maréchaux Gallois de Fougières. Si Gallois de Fougières n'est pas le premier Prévôt des Maréchaux connu, il est par contre considéré comme le premier « Gendarme » tombé au champ d'honneur.
De nos jours, si le Prévôt des Maréchaux est, en quelque sorte, « une icône » de la Gendarmerie Nationale (une promotion et une caserne portent son nom), force est de constater que, faute de sources, son statut mais aussi ses origines sont méconnus et, à ce jour, seules les recherches du capitaine BENOIT-GUYOT, de 1934 à 1936, s'intéressent à cet « ancêtre » du gendarme contemporain.

Le présent exposé s'inscrit dans un projet plus global de recherches consacrées à la Gendarmerie Nationale intitulé « Des gens d'armes aux gendarmes, aux origines de la Gendarmerie » actuellement en cours de rédaction.
Si nous tenterons d'éclairer le statut du Prévôt des Maréchaux mais aussi son mode de recrutement aux cours de l'expo-dossier ci-dessus nommée, la présente communication tentera de s'intéresser à l'homme, à Gallois de Fougières. Qui était-il ? D'où venait-il ? Quelles étaient ses armoiries ? Et surtout, nos recherches nous permettront de mettre en place un scénario de nomination de cet officier royal au grade qui lui valut le privilège d'être séparé du reste de ses infortunés compagnons d'armes morts au combat et honoré dans l'église-abbatiale d'Auchy-lès-Hesdin.


Des vertus de l'orthographe :

L'historien du Moyen-Âge connaît les difficultés de la recherche en Histoire médiévale. Aux problèmes paléographiques succèdent généralement des problèmes de terminologie. L'orthographe ne se fixant que très tardivement (à la fin du XVIème siècle), il nous a donc fallu « ratisser » au plus large pour, après recherche historique, procéder par élimination. Le nom « de Fougières » étant facilement sujet aux aléas de l'orthographe, nous avons ouvert notre champ de recherche aux patronymes et toponymes suivants :
- Fougères
- Fougère
- Fougières
- Fougière
- Fouchières
- Fouchière

Très rapidement, nous avons pu éliminer les patronymes et toponymes suivants :
- Fouchières
- Fouchière

Le premier a été éliminé très rapidement car n'étant qu'une erreur de transcription visible dans le manuscrit Chifflet, fol. 64 de la bibliothèque municipale de Besançon :
« Item au bout de ladite nef devant le grant huys gisent tout en une fosse monseigneur du Liergue d'Auvergne, monseigneur Jehan des Quesnes, Le Galet de Fouchières, prévost des maressaulx, et le petit Hollandes, fils du bailly de Rouen. »

C'est le généalogiste Charles d'Hozier, qui, en 1696 alors qu'il rédige son armorial du Bourbonnais, rétablit nom en Fougières conformément aux chroniqueurs médiévaux comme Enguerrand de Monstrelet. 
Le nom de Fouchère (actuellement Fouchère dans l'Yonne) ne renvoyant ni à une seigneurie, ni à une famille médiévale (il s'agissait d'un lieu-dit appartenant à l'abbaye de Saint-Jean de Sens), cette piste est elle aussi écartée.
Il est donc décidé de se concentrer sur les toponymes et patronymes Fougères et Fougières avec leurs variantes orthographiques.
La piste bretonne :
Quoi de plus séduisant que d'imaginer Gallois de Fougières jadis seigneur de la ville de Fougères (Ille-et-Vilaine) actuellement reconnue comme la plus grande forteresse d'Europe occidentale ?
La famille de Fougères ou Fougières dans certains textes est une famille bretonne d'importance puisque comptant parmi les neuf baronnies formant le duché de Bretagne.

Se blasonne ainsi : « D'or à une plante de fougère de sinople. »

Les sires de Fougères construisirent la forteresse éponyme dés 1050 (sous Alfred de Fougères). La forteresse fut régulièrement agrandie par ses successeurs au cours du XIIème siècle. Cette famille est bien documentée et on peut la suivre jusqu'à la date de sa disparition vers 1254, date à laquelle décède Mabille de Fougières, épouse d'Alain IV de Rohan, baron de Rohan et de Guemenée, qui meurta cors de la 3ème croisade. A partir de la seconde moitié du XIIIème siècle, le nom « de Fougères » n'est plus porté en Bretagne. Gallois de Fougières n'était donc pas breton.


La piste auvergnate

La piste bretonne exclue, nos recherches se sont concentrées sur une piste auvergnate. Dans l'Allier, sur la commne de Saint-Caprais (NE de Montluçon) existe encore un lieu-dit nommé Fougières où sont encore visibles les ruines d'un château à base médiévale, rasé pendant la Fronde puis reconstruit. En 1698, le généalogiste Charles d'Hozier établit l'armorial du Bourbonnais où figure la famille éponyme mais sans toutefois retracer l'historique de de cette famille. Il faut attendre 1773 pour voir apparaître les premiers fragments de généalogie de cette maison. Dans son Dictionnaire de la Noblesse, François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois avance que la maison de Fougières est une « famille noble et ancienne qui remonte à Etienne, seigneur de Fougières, marié à Alix, Dame d'Yoing, en Maconnois. ». Ses connaissances de la Famille de Fougières sont très fragmentaires et semblent remonter jusqu'au début du XVIème siècle. L'auteur avoue d'ailleurs son impuissance à la fin de la notice destinée aux « de Fougières » en disant : « c'est ce que nous savons sur la famille de Fougières, faute de mémoire ». En effet, aucune trace de la maison de Fougières dans cette province avant la fin du Moyen-Âge, ni dans les textes, ni dans l'armorial du Bourbonnais. Le premier possesseur connu de la terre de Fougières est Thierry Billard, écuyer, époux de Péronnelle de Culant, qui en fait aveu en 1498. Ce dernier est actif jusqu'en 1506. En 1498, il rachète la seigneurie de Fougières dont il perçoit les taxes et dîmes.

De Fougières, XVIème siècle : « d'azur à une fasce d'argent accompagnée de quatre étoiles d'or, une en chef et trois en pointe ordonnées. »

Ses descendants portent les armoiries ci-dessus. Sachant que Thierry Billard est le seigneur d'une seule terre, celle de Fougières, on peut donc avancer que, suite à l'achat de la seigneurie, ce dernier ait porté les armoiries de celle-ci et donc potentiellement celles de Gallois de Fougières. L'hypothèse est séduisante. Cependant, Thierry Billard étant qualifié d'écuyer, il est probable que les armoiries ci-dessus présentées soient en fait les siennes et non celles de la seigneurie de Fougières. L'usage a voulu que ses descendants portent le nom de seigneur de Fougières et la blason de la famille Billard d'où la confusion d'Hozier. L'absence des armoiries de la famille Fougières dans l'armorial Bourbonnais du XVème siècle nous montre qu'il s'agit là d'une famille de noblesse "récente" qu'il n'a rien de commun avec Gallois de Fougières si ce n'est une des variantes du nom.


Gallois de Fougières, d'origine berrichonne ?

C'est dans la province voisine, la province de Berry, que l'on trouve la plus ancienne trace de la famille de « Fougères ». On trouve des traces de membres de la famille « de Fougères » avant 1480, date à laquelle un certain Philippe de Fougères écuyer, dit porter « d'or au chef emmenché de gueules de trois pièces ».

De Fougères (Berry) : « d'or au chef emmenché de gueules de trois pièces. »

Malheureusement, il nous est impossible de livrer une gééalogie complète de la famille de Fougères (en Berry) après 1460. Par contre la famille est plutôt bien documentée pour les XVIème et XVIIème siècles. Durant la période médiévale, l'héraldique familiale étant strictement fixée, il nous semble plausible, toute précaution gardée, que les armoiries décrites ci-dessus correspondent peut-être à la branche le plus ancienne connue de la famille de Fougières. Gallois de Fougières fut sûrement  berrichon. L'armorial de Berry nous apporte une représentation de ce que furent peut-être les armoiries que Gallois de Fougières portât au combat à Azincourt le 25 octobre 1415.


En conclusion...

Le manque de sources historiques aurait été un obstacle insurmontable dans cette étude dédiée à l'illustre Prévôt des Maréchaux. Cependant, notre méthodologie nos a permis d'éliminer au fur et à mesure, les confusions possibles entre plusieurs familles, d'origines géographiques différentes mais aux patronymes finalement très proches. Si nous ne pouvons en être totalement sûr, il est donc hautement probable que Gallois de Fougières fut originaire de la province du Berry et ait porté les armoiries ci-dessus présentées.


Pour aller plus loin...

Sans être totalement sûr qu'il s'agisse bien ici des armoiries de Gallois de Fougières, les origines géographiques ci-dessus mentionnés (Bourbonnais, Berry) semblent expliquer sa présence à Azincourt. Vassal du duc Jean de Bourbon, qui épouse Marie de Berry en juin 1400, il est donc inféodé directement, ou par alliance, à ces deux personnages. Ce dernier devant le service d'ost à son suzerain, il est donc logique, féodalement parlant, qu'il soit présent à la bataille d'Azincourt (en plus de par sa fonction prévôtale).

Son titre de Prévôt des Maréchaux fait de lui un représentant de la Maréchaussée et, par extension, un ancêtre direct des gendarmes actuels. Son rôle se limitait normalement à l'exercice de la police militaire. Cet officier royal, qui seconde le Maréchal de France, était peut-être sinon un proche du duc de Bourbon. En tout cas, il était inféodé à ce dernier.
Lorsque l'on connaît la proximité entre Jehan le Meingre, dit Boucicaut, Maréchal de France, et la cour du duc de Bourbon, la nomination de Gallois de Fougières au titre de Prévôt des Maréchaux nous semble plus que troublante. Jean d'Orronville, dans sa Chronique du bon duc Louis de Bourbon mentionne à plusieurs reprises la présence de Boucicaut à la cour de Bourbon mais aussi sa proximité avec le duc lui-même et avec son fils, Jean. A partir de 1391, Boucicaut ne fait plus à proprement parler de « l'Hôtel » (la cour) de Bourbon. Ses aventures en Orient et son titre de gouverneur de Gênes, l'éloignent de la France. Toutefois, il reste visiblement très lié au duc Jean qui succède à Louis en 1410. Il n'est donc pas impossible que le duc Jean de Bourbon ait usé de son influence et de son amitié avec le Maréchal Boucicaut pour que ce dernier désigne un de ses fidèles au titre de Prévôt des Maréchaux.
Lorsque l'on sait qu'en 1412 le duc de Bourbon mène une campagne militaire pour débarrasser l'Île-de-France des soldats pillards, cette hypothèse prend tout son sens.

Le 25 octobre 1415, le corps de Gallois de Fougières est découvert aux côtés de celui du Connétable Charles d'Albret, mais aussi des corps de Jacques de Châtillon, des ducs de Brabant, d'Alençon et de Bar, témoignant qu'il a donc combattu en première ligne. Ceci et le fait qu'il soit séparé de ses infortunés compagnons d'armes et inhumé dans l'église abbatiale d'Auchy-lès-Hesdin témoignent bien de l'importance de son office royal et donc, du rang de premier gendarme tué au combat.

Article protégé par les droits de la propriété intellectuelle.
Christophe Gilliot, Azincourt.

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Sur les traces de Gallois de Fougières : Prévôt des Maréchaux


Le 25 octobre 1415, durant la bataille d'Azincourt, tombait au champ d'honneur le Prévôt des Maréchaux Gallois de Fougières. Si Gallois de Fougières n'est pas le premier Prévôt des Maréchaux connu, il est par contre considéré comme le premier « Gendarme » tombé au champ d'honneur.
De nos jours, si le Prévôt des Maréchaux est, en quelque sorte, « une icône » de la Gendarmerie Nationale (une promotion et une caserne portent son nom), force est de constater que, faute de sources, son statut mais aussi ses origines sont méconnus et, à ce jour, seules les recherches du capitaine BENOIT-GUYOT, de 1934 à 1936, s'intéressent à cet « ancêtre » du gendarme contemporain.

Le présent exposé s'inscrit dans un projet plus global de recherches consacrées à la Gendarmerie Nationale intitulé « Des gens d'armes aux gendarmes, aux origines de la Gendarmerie » actuellement en cours de rédaction.
Si nous tenterons d'éclairer le statut du Prévôt des Maréchaux mais aussi son mode de recrutement aux cours de l'expo-dossier ci-dessus nommée, la présente communication tentera de s'intéresser à l'homme, à Gallois de Fougières. Qui était-il ? D'où venait-il ? Quelles étaient ses armoiries ? Et surtout, nos recherches nous permettront de mettre en place un scénario de nomination de cet officier royal au grade qui lui valut le privilège d'être séparé du reste de ses infortunés compagnons d'armes morts au combat et honoré dans l'église-abbatiale d'Auchy-lès-Hesdin.


Des vertus de l'orthographe :

L'historien du Moyen-Âge connaît les difficultés de la recherche en Histoire médiévale. Aux problèmes paléographiques succèdent généralement des problèmes de terminologie. L'orthographe ne se fixant que très tardivement (à la fin du XVIème siècle), il nous a donc fallu « ratisser » au plus large pour, après recherche historique, procéder par élimination. Le nom « de Fougières » étant facilement sujet aux aléas de l'orthographe, nous avons ouvert notre champ de recherche aux patronymes et toponymes suivants :
- Fougères
- Fougère
- Fougières
- Fougière
- Fouchières
- Fouchière

Très rapidement, nous avons pu éliminer les patronymes et toponymes suivants :
- Fouchières
- Fouchière

Le premier a été éliminé très rapidement car n'étant qu'une erreur de transcription visible dans le manuscrit Chifflet, fol. 64 de la bibliothèque municipale de Besançon :
« Item au bout de ladite nef devant le grant huys gisent tout en une fosse monseigneur du Liergue d'Auvergne, monseigneur Jehan des Quesnes, Le Galet de Fouchières, prévost des maressaulx, et le petit Hollandes, fils du bailly de Rouen. »

C'est le généalogiste Charles d'Hozier, qui, en 1696 alors qu'il rédige son armorial du Bourbonnais, rétablit nom en Fougières conformément aux chroniqueurs médiévaux comme Enguerrand de Monstrelet. 
Le nom de Fouchère (actuellement Fouchère dans l'Yonne) ne renvoyant ni à une seigneurie, ni à une famille médiévale (il s'agissait d'un lieu-dit appartenant à l'abbaye de Saint-Jean de Sens), cette piste est elle aussi écartée.
Il est donc décidé de se concentrer sur les toponymes et patronymes Fougères et Fougières avec leurs variantes orthographiques.
La piste bretonne :
Quoi de plus séduisant que d'imaginer Gallois de Fougières jadis seigneur de la ville de Fougères (Ille-et-Vilaine) actuellement reconnue comme la plus grande forteresse d'Europe occidentale ?
La famille de Fougères ou Fougières dans certains textes est une famille bretonne d'importance puisque comptant parmi les neuf baronnies formant le duché de Bretagne.

Se blasonne ainsi : « D'or à une plante de fougère de sinople. »

Les sires de Fougères construisirent la forteresse éponyme dés 1050 (sous Alfred de Fougères). La forteresse fut régulièrement agrandie par ses successeurs au cours du XIIème siècle. Cette famille est bien documentée et on peut la suivre jusqu'à la date de sa disparition vers 1254, date à laquelle décède Mabille de Fougières, épouse d'Alain IV de Rohan, baron de Rohan et de Guemenée, qui meurta cors de la 3ème croisade. A partir de la seconde moitié du XIIIème siècle, le nom « de Fougères » n'est plus porté en Bretagne. Gallois de Fougières n'était donc pas breton.


La piste auvergnate

La piste bretonne exclue, nos recherches se sont concentrées sur une piste auvergnate. Dans l'Allier, sur la commne de Saint-Caprais (NE de Montluçon) existe encore un lieu-dit nommé Fougières où sont encore visibles les ruines d'un château à base médiévale, rasé pendant la Fronde puis reconstruit. En 1698, le généalogiste Charles d'Hozier établit l'armorial du Bourbonnais où figure la famille éponyme mais sans toutefois retracer l'historique de de cette famille. Il faut attendre 1773 pour voir apparaître les premiers fragments de généalogie de cette maison. Dans son Dictionnaire de la Noblesse, François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois avance que la maison de Fougières est une « famille noble et ancienne qui remonte à Etienne, seigneur de Fougières, marié à Alix, Dame d'Yoing, en Maconnois. ». Ses connaissances de la Famille de Fougières sont très fragmentaires et semblent remonter jusqu'au début du XVIème siècle. L'auteur avoue d'ailleurs son impuissance à la fin de la notice destinée aux « de Fougières » en disant : « c'est ce que nous savons sur la famille de Fougières, faute de mémoire ». En effet, aucune trace de la maison de Fougières dans cette province avant la fin du Moyen-Âge, ni dans les textes, ni dans l'armorial du Bourbonnais. Le premier possesseur connu de la terre de Fougières est Thierry Billard, écuyer, époux de Péronnelle de Culant, qui en fait aveu en 1498. Ce dernier est actif jusqu'en 1506. En 1498, il rachète la seigneurie de Fougières dont il perçoit les taxes et dîmes.

De Fougières, XVIème siècle : « d'azur à une fasce d'argent accompagnée de quatre étoiles d'or, une en chef et trois en pointe ordonnées. »

Ses descendants portent les armoiries ci-dessus. Sachant que Thierry Billard est le seigneur d'une seule terre, celle de Fougières, on peut donc avancer que, suite à l'achat de la seigneurie, ce dernier ait porté les armoiries de celle-ci et donc potentiellement celles de Gallois de Fougières. L'hypothèse est séduisante. Cependant, Thierry Billard étant qualifié d'écuyer, il est probable que les armoiries ci-dessus présentées soient en fait les siennes et non celles de la seigneurie de Fougières. L'usage a voulu que ses descendants portent le nom de seigneur de Fougières et la blason de la famille Billard d'où la confusion d'Hozier. L'absence des armoiries de la famille Fougières dans l'armorial Bourbonnais du XVème siècle nous montre qu'il s'agit là d'une famille de noblesse "récente" qu'il n'a rien de commun avec Gallois de Fougières si ce n'est une des variantes du nom.


Gallois de Fougières, d'origine berrichonne ?

C'est dans la province voisine, la province de Berry, que l'on trouve la plus ancienne trace de la famille de « Fougères ». On trouve des traces de membres de la famille « de Fougères » avant 1480, date à laquelle un certain Philippe de Fougères écuyer, dit porter « d'or au chef emmenché de gueules de trois pièces ».

De Fougères (Berry) : « d'or au chef emmenché de gueules de trois pièces. »

Malheureusement, il nous est impossible de livrer une gééalogie complète de la famille de Fougères (en Berry) après 1460. Par contre la famille est plutôt bien documentée pour les XVIème et XVIIème siècles. Durant la période médiévale, l'héraldique familiale étant strictement fixée, il nous semble plausible, toute précaution gardée, que les armoiries décrites ci-dessus correspondent peut-être à la branche le plus ancienne connue de la famille de Fougières. Gallois de Fougières fut sûrement  berrichon. L'armorial de Berry nous apporte une représentation de ce que furent peut-être les armoiries que Gallois de Fougières portât au combat à Azincourt le 25 octobre 1415.


En conclusion...

Le manque de sources historiques aurait été un obstacle insurmontable dans cette étude dédiée à l'illustre Prévôt des Maréchaux. Cependant, notre méthodologie nos a permis d'éliminer au fur et à mesure, les confusions possibles entre plusieurs familles, d'origines géographiques différentes mais aux patronymes finalement très proches. Si nous ne pouvons en être totalement sûr, il est donc hautement probable que Gallois de Fougières fut originaire de la province du Berry et ait porté les armoiries ci-dessus présentées.


Pour aller plus loin...

Sans être totalement sûr qu'il s'agisse bien ici des armoiries de Gallois de Fougières, les origines géographiques ci-dessus mentionnés (Bourbonnais, Berry) semblent expliquer sa présence à Azincourt. Vassal du duc Jean de Bourbon, qui épouse Marie de Berry en juin 1400, il est donc inféodé directement, ou par alliance, à ces deux personnages. Ce dernier devant le service d'ost à son suzerain, il est donc logique, féodalement parlant, qu'il soit présent à la bataille d'Azincourt (en plus de par sa fonction prévôtale).

Son titre de Prévôt des Maréchaux fait de lui un représentant de la Maréchaussée et, par extension, un ancêtre direct des gendarmes actuels. Son rôle se limitait normalement à l'exercice de la police militaire. Cet officier royal, qui seconde le Maréchal de France, était peut-être sinon un proche du duc de Bourbon. En tout cas, il était inféodé à ce dernier.
Lorsque l'on connaît la proximité entre Jehan le Meingre, dit Boucicaut, Maréchal de France, et la cour du duc de Bourbon, la nomination de Gallois de Fougières au titre de Prévôt des Maréchaux nous semble plus que troublante. Jean d'Orronville, dans sa Chronique du bon duc Louis de Bourbon mentionne à plusieurs reprises la présence de Boucicaut à la cour de Bourbon mais aussi sa proximité avec le duc lui-même et avec son fils, Jean. A partir de 1391, Boucicaut ne fait plus à proprement parler de « l'Hôtel » (la cour) de Bourbon. Ses aventures en Orient et son titre de gouverneur de Gênes, l'éloignent de la France. Toutefois, il reste visiblement très lié au duc Jean qui succède à Louis en 1410. Il n'est donc pas impossible que le duc Jean de Bourbon ait usé de son influence et de son amitié avec le Maréchal Boucicaut pour que ce dernier désigne un de ses fidèles au titre de Prévôt des Maréchaux.
Lorsque l'on sait qu'en 1412 le duc de Bourbon mène une campagne militaire pour débarrasser l'Île-de-France des soldats pillards, cette hypothèse prend tout son sens.

Le 25 octobre 1415, le corps de Gallois de Fougières est découvert aux côtés de celui du Connétable Charles d'Albret, mais aussi des corps de Jacques de Châtillon, des ducs de Brabant, d'Alençon et de Bar, témoignant qu'il a donc combattu en première ligne. Ceci et le fait qu'il soit séparé de ses infortunés compagnons d'armes et inhumé dans l'église abbatiale d'Auchy-lès-Hesdin témoignent bien de l'importance de son office royal et donc, du rang de premier gendarme tué au combat.

Article protégé par les droits de la propriété intellectuelle.
Christophe Gilliot, Azincourt.

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